Caligula de Camus (en Espagnol s'il vous plaît)
- Coline
- 29 août 2018
- 3 min de lecture
Samedi soir je suis allée voir Caligula, la pièce écrite par Camus en 1944 ! Je voulais vous faire cet article pour vous faire part de mes impressions.
J’ai commencé à voir des affiches pour la pièce un peu partout dans la ville et je me suis vite dit que ça pourrait être sympa d’y aller. J’ai donc commandé mon billet et samedi soir, me voilà en chemin pour aller découvrir la pièce.

Bien qu’adorant Camus, je n’avais jamais lu cette pièce alors histoire de pouvoir suivre un peu, j’ai fait quelques recherches sur la pièce et son intrigue. Pour être honnête, j’avais peur de ne rien comprendre donc bon, j’ai survolé quelques résumés et me voilà parée.
J’arrive à l’Auditorio del Parque Torres (sur le Monte de la Concepción) un peu après 22h, le début de la pièce étant prévu à 22h30. Le cadre est magnifique avec d’un côté le port et de l’autre le vieux théâtre romain, comme complément historique du décor. Celui-ci est d’ailleurs plutôt simple : 4 colonnes en « marbre », des gradins et deux sièges.

La pièce commence et moi qui avait peur de ne rien comprendre, j’arrive assez vite à rentrer dans le bain de la langue et à comprendre (presque) toutes les répliques des acteurs et des actrices (sauf à un moment où tout l’auditoire s’est mis à rire et je n’ai pas compris pourquoi mais ce n’est qu’un détail).
La mise en scène est géniale, tous les acteurs et les actrices excellents mais surtout Pedro Segura, acteur (et metteur en scène) de Caligula. Il a une telle manière d’interpréter la folie de son personnage. Une scène m’a marquée en particulier : celle où il demande à son conseiller la lune. Il se trouve que c’était un soir de pleine lune et que celle-ci surplombait le port et l’auditorium. L’acteur a joué avec cette coïncidence et tous les spectateurs se sont tournés pendant un long moment vers cette lune qui nous surplombait.

La scène finale m’a également marquée : Caligula vient d’étrangler Caesonia, sa fidèle maîtresse et le monologue du personnage reprend chaque thème de la pièce pendant que nous voyons au fond de la scène les conjurés prendre les armes pour tuer ce tyran sanguinaire. La dernière réplique de Caligula : « Je suis encore vivant » juste avant qu’il ne s’écroule sous les coups de poignard, retentit dans l’auditorium puis quelques instants de silence. Même si tout le monde connaissait ou s’attendait à la fin, la violence de cette dernière scène a transmis une telle émotion que personne n’ose bouger. S’en suivent des applaudissements nourris pour cette troupe qui aura, le temps d’une pièce, réussi à nous transporter dans le monde, et surtout dans l’esprit tourmenté, de Caligula le célèbre tyran.

Cette pièce, une des premières œuvres de Camus, préfigure bien l’Absurde qui sera le fil rouge des suivantes : Caligula, tourmenté par son amour perdu, devient totalement fou, ne se préoccupant que de se procurer la lune et l’immortalité. Il se réfugie dans cette quête de l’impossible comme pour oublier la réalité du monde qui lui est douloureuse. Il recherche une sorte de liberté à travers des actes odieux comme des meurtres mais aussi absurdes comme lorsqu’il se prend pour la déesse Vénus. Les personnages qui l’entourent tenteront soit de le raisonner sans succès, soit choisiront la fuite à l’image de Scipion dont le père a été tué par Caligula mais qui ne pourra se résoudre à le tuer, soit, enfin, à éliminer le tyran et sa folie.
J’espère vous avoir donner envie de découvrir ou redécouvrir cette pièce du grand Camus qui m’aura fait vibrer le temps d’une soirée.
(et je m'excuse pour la qualité des photos qui est due à l'éclairage de la scène...)
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